Stratégie et vision en temps de crise : faut-il garder le cap ou changer de cap ?

Depuis quelques années, les crises s’enchaînent : pandémie mondiale, tensions géopolitiques, inflation persistante, chocs énergétiques, accélération du changement climatique.
Dans ce contexte mouvant, beaucoup d’entreprises s’interrogent : notre vision reste-t-elle pertinente ?
Faut-il revoir nos priorités stratégiques ? Et surtout, peut-on espérer sortir renforcés de cette période plutôt que simplement y survivre ?
La vision d’une entreprise, souvent formulée dans un climat de stabilité, peut rapidement devenir décalée lorsque les fondamentaux changent.
Une étude menée par McKinsey montre que 92 % des dirigeants industriels ont pris des mesures pour renforcer la résilience de leurs chaînes d’approvisionnement, révélant ainsi la fragilité d’un modèle pourtant considéré robuste avant la crise.
Par conséquent, il semble indispensable de revoir certaines priorités. L’une d’entre elles concerne la décarbonation.
Si la France bénéficie d’un mix électrique peu carboné, son intensité d’émissions directes dans l’industrie reste élevée, notamment en raison des usages de gaz naturel dans les procédés thermiques.
Pour y remédier, McKinsey recommande des investissements ciblés dans l’électrification des processus industriels.
Une autre priorité stratégique concerne l’adoption des technologies de l’industrie 4.0. L’automatisation, les capteurs intelligents et l’intelligence artificielle peuvent accélérer la modernisation industrielle.
McKinsey estime que ces technologies pourraient améliorer la productivité jusqu’à 40 %, rendant plus réaliste le retour de certaines activités industrielles en Europe.
Pour espérer sortir de cette crise en meilleure posture, les entreprises doivent faire plus qu’encaisser les chocs : elles doivent transformer leurs modèles.
Certains projets industriels récents en sont l’illustration, comme l’usine GravitHy à Fos-sur-Mer, qui produira du fer préréduit à partir d’hydrogène bas-carbone.
Ce type d’initiative combine performance économique et transition écologique.
D’autres leviers sont à mobiliser. Par exemple, la diversité des sources d’approvisionnement et la constitution de stocks stratégiques sont devenues des réflexes de survie.
97 % des dirigeants interrogés par McKinsey ont adopté au moins une mesure pour réduire leur dépendance à un seul fournisseur ou pays.
Enfin, la sortie de crise passera également par le capital humain. La pénurie de compétences techniques, notamment en ingénierie et en digital, appelle à des stratégies plus offensives de formation, de recrutement et de fidélisation.
Car aucune transformation ne peut réussir sans les femmes et les hommes qui la portent.
En conclusion, il ne s’agit pas de jeter notre vision aux oubliettes, mais de la faire évoluer, de la rendre plus résiliente, plus alignée avec les défis du moment.
La crise n’est pas qu’une menace : elle est aussi une opportunité de repenser nos modèles, de redonner du sens à notre stratégie et d’en sortir, non pas affaibli, mais renforcé.