Place de marché : Faut-il Facturer Côté Vendeur, Acheteur, ou les Deux ?

Lorsque l’on conçoit une marketplace ou un modèle de mise en relation, une question stratégique revient systématiquement : qui doit payer pour l’utilisation du service ? Le vendeur, l’acheteur ou les deux ?
Le choix du côté à facturer n’est pas anodin : il influe directement sur la croissance, l’expérience utilisateur, la rentabilité et même le positionnement de votre plateforme.
Dans cet article, nous allons explorer les critères à prendre en compte pour choisir le bon modèle de facturation, les avantages et inconvénients de chaque approche, ainsi que des exemples concrets issus de grandes plateformes.
Pourquoi ce choix est stratégique ?
Sur une marketplace, il existe deux catégories d’utilisateurs principales :
Le vendeur (ou fournisseur de service/produit)
L’acheteur (ou demandeur/utilisateur final)
La plateforme crée de la valeur en facilitant la transaction. La question est donc : qui retire le plus de valeur de cette intermédiation ?
Exemples de valeur générée :
Le vendeur gagne des clients, du chiffre d’affaires, de la visibilité
L’acheteur gagne du temps, de la simplicité, du choix, de la confiance
Ce déséquilibre de valeur perçue est souvent ce qui justifie la facturation d’un côté plutôt que de l’autre.
Option 1 : Facturer uniquement le vendeur
Principe
Le vendeur paie une commission, un abonnement ou des frais d’insertion pour accéder à la demande générée par la plateforme.
Exemples célèbres
Airbnb : commission prélevée sur le montant perçu par l’hôte
Amazon Marketplace : commission + frais mensuels pour les vendeurs
Uber Eats : commission importante sur les restaurants partenaires
Avantages
L’acheteur accède gratuitement au service → pas de friction à l’entrée
Encourage la croissance de la demande
Le vendeur est généralement prêt à payer s’il perçoit un retour sur investissement
Inconvénients
Certains vendeurs peuvent chercher à contourner la plateforme
La pression est sur la plateforme pour générer un volume suffisant de ventes
Option 2 : Facturer uniquement l’acheteur
Principe
L’acheteur paie pour accéder à une offre, un service ou une expérience.
Exemples célèbres
LeBonCoin (particuliers) : certaines options payantes côté acheteur (ex : remise en main propre sécurisée)
Sites de rencontres (Meetic, Tinder) : accès premium pour les utilisateurs
Plateformes de services en ligne : paiement à la demande (coaching, cours, etc.)
Avantages
Peut renforcer la perception de valeur et de qualité
Modèle rentable si la valeur perçue est forte
Moins de complexité à gérer côté vendeur
Inconvénients
Ralentit l’acquisition d’utilisateurs
Demande une justification claire de la valeur pour l’acheteur
Option 3 : Facturer les deux côtés
Principe
Les deux parties paient pour accéder au service, sous forme d’abonnement, de commission ou d’options payantes.
Exemples célèbres
Airbnb (modèle split) : commission sur l’hôte + frais de service pour le voyageur
Eventbrite : frais côté organisateur + frais de billetterie pour le participant
Upwork : frais de service pour les freelances + frais pour les clients dans certains cas
Avantages
Maximisation des revenus
Répartition des coûts selon la valeur perçue par chacun
Permet de segmenter les offres et services premium
Inconvénients
Risque de freiner l’adoption des deux côtés
Nécessite une expérience utilisateur irréprochable
Complexité en termes de communication et de pricing
Comment choisir le bon modèle de facturation ?
1. Identifiez qui tire le plus de valeur
Le vendeur gagne-t-il beaucoup d’argent ou des leads ?
L’acheteur gagne-t-il du temps, des avantages exclusifs ou un service rare ?
Facturez celui qui aurait le plus à perdre si le service disparaissait.
2. Analysez la sensibilité au prix
Les vendeurs sont souvent professionnels, prêts à investir
Les acheteurs (surtout en B2C) sont plus sensibles à la gratuité
Si votre priorité est la croissance de la demande, évitez de facturer les acheteurs.
3. Étudiez les standards du marché
Regardez ce que font vos concurrents
Un modèle “normalisé” est souvent plus facile à accepter
Ne vous isolez pas avec un modèle trop atypique, sauf si vous avez une valeur perçue très forte.
4. Testez et itérez
Commencez avec un modèle simple
Proposez des versions freemium ou premium
Mesurez l’impact sur le taux de conversion, la satisfaction et le chiffre d’affaires
FAQ : Facturation sur une marketplace
Faut-il toujours facturer le vendeur ?
Non, mais c’est le cas le plus courant, car cela facilite l’acquisition côté demande.
Peut-on commencer gratuit et facturer plus tard ?
Oui, de nombreuses plateformes adoptent un modèle freemium au départ, puis introduisent des fonctionnalités payantes.
Et si aucun des deux côtés ne veut payer ?
Dans ce cas, vous pouvez envisager un modèle alternatif (publicité, données, sponsoring, etc.), mais attention à la rentabilité.
Conclusion
Facturer le vendeur, l’acheteur, ou les deux : le bon choix dépend de la valeur perçue, de votre marché, et de votre stratégie de croissance.
Dans la majorité des cas, les plateformes facturent le vendeur pour ne pas freiner la demande et favoriser une croissance rapide. Toutefois, certains modèles justifient une facturation côté acheteur ou une approche mixte.
L’essentiel est de :
Comprendre vos utilisateurs
Tester votre pricing
Communiquer de manière transparente sur la valeur apportée
Un bon modèle de facturation est celui qui aligne vos intérêts avec ceux de vos utilisateurs, sans casser l’expérience.